Création 2020 - soutenue par l'ONDA
Sur scène trois générations : le grand-père, la mère… et l’enfant.
Dans cette nouvelle création à destination de la petite enfance, Eleonora Ribis souhaite raconter le lien parent/enfant.
Une relation qui se construit chaque jour, à travers chaque geste.
Sur scène, les mains, les corps racontent ce dialogue entre générations : du premier geste d’accueillir au monde à celui de laisser partir. Pour accueillir à nouveau.
Dans un dispositif qui serre ensemble le public et la scène comme les bras du parent entourent l’enfant, à chaque séance un tout-petit du public
viendra participer à la construction de ce rapport.
Un rapport, un dialogue fait de silence et de mots.
Les mots de Natalia Ginzburg, auteur de «Les petites vertus», viendront comme une évocation, comme une tendre caresse, toucher nos oreilles.
" Les mots de Natalia Ginzburg m’ont souvent fait réfléchir au rapport entre parent et enfant, un sujet que je voulais depuis longtemps amener au plateau.
J’ai créé il y a 3 ans, un spectacle pour la petite enfance « Pica Pica ». Quand on joue pour les tout-petits on voit souvent les enfants du public accompagnés par leurs parents et leurs grands-parents. Un jour en pleine représentation une question m’a traversé : comment le tout-petit se situe-t-il dans la chaîne des générations ? À quel moment et comment commence-t-on à sentir qu’on appartient à un long fil de transmission? Les différentes résidences en crèches sur la saison 2018/2019 m’ont permis de comprendre qu’il n’y avait pas vraiment réponse à ma question.
La conscience des générations, l’inscription dans le temps familial arrive plus tard dans le développement d’un enfant et pourtant le tout petit commence à s’inscrire dans le temps et dans l’espace à travers la relation. En effet, à travers chaque geste que l’adulte fait envers l’enfant il crée un rituel, un lien qui commence à situer le tout-petit dans l’espace-temps. Pourquoi alors ne pas raconter le temps, le lien à travers les gestes qui sont les fondements de cette relation ?
Mettre ainsi en scène, le rapport parent/enfant avec trois âges différents de la vie, trois générations : celle du grand-père, celle du parent et celle de l’enfant. Interroger les liens entre ces différents âges, leurs corps, leurs positions, leurs visions. Voir comment sur scène, les gestes nous racontent le fil qui les unit.
Comment les rapports entre les générations se dessinent entre le premier geste d’accueillir au monde et celui de laisser partir."
Eleonora Ribis.
Les Petites Vertus
Ou les mains avant les mots
Avant les mots il y a les mains. Avec les mains il y a les gestes qui font des signes. Et l’histoire de la vie va ainsi, du début à la fin. C’est le charme des petites vertus qui « ainsi font font font » la ronde dans l’écrin blanc du piccolo théâtre de Melampo, la délicate compagnie théâtrale, qui puise son nom à la source de la mythologie. Les petites vertus, titre du spectacle, est une célébration. On y entre sur la pointe des pieds, déchaussés, après avoir fait ses ablutions. Les gestes sont ici une préparation à la rencontre, ils ne sont pas barrières, ils nous relient. Car tout est question de lien dans ce moment de partage. Tout spectateur fait famille sur le tapis de jeux où souffle l’anima enfantine, et sur les petits bancs qui accueillent les céans des plus grands. Les yeux se tournent vers le grand chenu qui déploie ses bras comme un héron cendré. Ses ailes de géant se tendent pour accueillir l’enfant, lui ouvrir le monde, lui parler la langue des mains. La mère nimbe l’espace de l’eau de la vie. L’attention des enfants est liquide, le silence ruisselle du bruit clair de la fontaine musicale. Les frontières de la représentation théâtrale sont abolis, la vie l’emporte dans l’émerveillement sacré de cet instant originaire.
L’enfant invité à rejoindre le cercle théâtral dessine, dans la timidité de son geste, les signes futures de sa possibilité de partir vers un nouveau monde. La fin de l’histoire est écrite dès le début. La mort est née. La danse des mains compose une partition corps et graphique qui ouvre le cycle des destinées que scelle la reconnaissance des visages familiaux.
Les petites vertus est un spectacle d’initiation à l’émerveillement, le temps de sa révélation. C’est un poème avant la lettre.
Dominique Bérody - 12 Novembre 2020